19ème dimanche du temps ordinaire
Abbé Jean Compazieu | 2 août 2009Textes bibliques : Lire
Depuis des années, nous entendons parler d’une crise de la foi. Ce n’est plus tel article du Credo qui pose question mais l’adhésion au Dieu qui s’est révélé en Jésus Christ. Ce refus de la foi n’est pas seulement le fait de quelques esprits forts. C’est un phénomène que nous observons de plus en plus. Ils sont nombreux ceux qui quittent l’Eglise sur la pointe des pieds et ceux qui s’installent dans l’incroyance ou l’indifférence.
Tout cela n’est pas nouveau : au 9ème siècle avant Jésus Christ, voici le prophète Elie, champion de la foi au Dieu unique. Il se bagarre de toutes ses forces contre le déferlement de l’idolâtrie. A la fin, il est découragé et presque désespéré. Grâce à la nourriture que Dieu lui donne, du pain et de l’eau, il peut marcher quarante jours et quarante nuits jusqu’au Sinaï, lieu de la naissance du peuple de Dieu. Cette épreuve est souvent la nôtre alors que nous traversons le désert d’une civilisation de plus en plus desséchante. Mais Dieu est là : il ne nous abandonne pas ; il nous envoie des signes de sa présence et de son amour. Il s’arrange toujours pour mettre sur notre route les personnes qu’il faut pour nous relever et reprendre notre route.
Dans l’évangile, nous voyons des gens qui refusent de faire le passage de la foi ; Jésus vient de leur annoncer : “Je suis le Pain vivant descendu du ciel.” En disant cela, il se reconnaît des pouvoirs qui n’appartiennent qu’à Dieu. Les gens qui l’entendent ne voient en lui que le fils de Marie et Joseph, un homme parmi les autres qu’ils connaissent depuis leur enfance. Ils ont joué et grandi avec lui. Alors, comment peut-il dire “Je suis le Pain vivant descendu du ciel” ? Aucun être humain ne peut tenir de tels propos.
Jésus ne fait rien pour atténuer son discours. Il aurait pu dire que c’est un symbole, qu’il ne faut pas le prendre au pied de la lettre. Or c’est tout le contraire qui se passe. En effet, Jésus ajoute : “Celui qui croit en moi a la Vie Eternelle.” Cette Vie Eternelle n’est pas seulement ce qui est promis à la fin des temps. Le verbe avoir est au présent. En accueillant Jésus, nous accueillons la Vie Eternelle en nous ; nous entrons dans une relation filiale avec le Père ; nous sommes immergés dans cet amour qui est en Dieu Père Fils et Saint Esprit. Désormais, si nous croyons en Jésus et si nous le suivons, plus rien ne peut être comme avant dans notre vie.
Mais comme au temps du prophète Elie et celui de Jésus, nous sommes affrontés aux difficultés de croire. Nous connaissons des moments de doute et de découragement. Mais le Seigneur est là : il nous offre un pain “venu du ciel”. Ce pain n’est pas seulement celui qui nourrit mais celui qui fait vivre. La parole de Jésus n’est pas seulement celle du fils de Marie et Joseph ; c’est celle du Fils de Dieu. Le pain qu’il nous donne c’est celui de l’Eucharistie. C’est en nous nourrissant de la parole de Dieu et du Pain de vie que nous finissons par ressembler à celui que nous écoutons et accueillons en nous : “Le pain que je donne c’est ma chair pour que le monde ait la vie.” En recevant le Pain de Vie, nous répondons “Amen”. C’est une manière de dire que nous croyons en Jésus et que nous voulons le suivre.
Les lectures de ce jour nous disent aussi que cette nourriture nous est donnée par Dieu pour continuer notre route. Le prophète Elie a pu marcher quarante jours et quarante nuits jusqu’à la montagne du Sinaï. Si nous allons communier pour puiser auprès du Christ la force nécessaire pour la mission qu’il nous confie tout au long de la semaine.
Le problème, c’est qu’il y a aussi des nourritures trompeuses qui tendent à nous détourner de Dieu et de son Evangile. Les médias (journaux, radio, télévision, Internet) véhiculent le meilleur et le pire. C’est à chacun de discerner et de choisir ce qui nous nourrit, nous élève et nous fait vivre.
Chaque dimanche, nous sommes invités à nous rassembler à l’église pour accueillir cette nourriture que Jésus nous donne, son Corps et son Sang. C’est vraiment la nourriture la plus consistante, celle qui nourrit tout homme et tout l’Homme. C’est Dieu qui nous rassemble. Il veut attirer à lui tous les hommes, mais il ne force personne. Par nos seuls moyens, nous ne pouvons pas aller à lui. C’est Lui qui fait sans cesse le premier pas vers nous. Il a envoyé son Fils pour mettre au cœur des hommes la présence de l’amour. Le Pain vivant descendu du ciel nous est donné pour nous nourrir et faire grandir en nous cet amour qui vient de lui.
D’après diverses sources
Faim de manger sa Parole
Nous continuons la méditation du superbe chapitre 6 de S. Jean. A la foule qui poursuit Jésus afin d’obtenir des bienfaits (guérisons de malades et distribution de nourriture gratuite), Jésus fait une révélation stupéfiante: il s’agit plutôt de se mettre en quête d’un Pain qui donne la vraie Vie, et ce Pain, affirme Jésus, c’est MOI ! — La liturgie omet un passage et enchaîne:
Jésus avait dit: ” Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel”.
Les Juifs récriminaient contre lui: ” Cet homme-là, n’est-il pas Jésus, fils de Joseph ? Nous connaissons bien son père et sa mère. Alors comment peut-il dire: “Je suis descendu du ciel” ?…
Nous avons lu une réaction similaire dans S. Marc (14ème dimanche): lorsque Jésus est revenu dans son village, les gens ont été scandalisés. Eux qui connaissaient très bien ce Jésus, ses parents, son métier, ils ne pouvaient arriver à croire en lui, à lui faire confiance. De même ici, sûrs que Jésus est né, comme tout homme, de ses parents, les gens ne peuvent admettre qu’il puisse affirmer son origine céleste !
Leur réaction s’exprime chez S. Jean par un verbe célèbre qui est employé dans la Bible pour pointer les protestations des Hébreux tout au long de leur marche à travers le désert – notamment à 8 reprises dans le chapitre sur la manne (Exode 16). On le traduit souvent par “murmurer” mais il s’agit de tout autre chose qu’un simple chuchotement : le peuple récrimine, grogne, rouspète – bref il ne croit pas, il ne fait pas confiance à Dieu et au guide qu’il lui a donné, Moïse. Il en va de même ici: les gens refusent d’accueillir la révélation que Jésus exprime. Il s’agit donc d’une réaction extrêmement perverse d’incrédulité, de non-foi, de résistance au projet de Dieu.
Comment Jésus réagit-il ? Il ne tente pas de les amadouer en nuançant ses paroles: au contraire il va souligner fortement ses propos.
Jésus reprit la parole: ” Ne récriminez pas entre vous ! Personne ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire vers moi, et moi, je le ressusciterai au dernier jour »
Pourquoi des hommes refusent-ils de venir à Jésus et de lui faire confiance ? Parce qu’ils n’entendent pas l’appel de Dieu comme Père. Ils ne se laissent pas attirer ! Ils croient en une divinité, ils pratiquent des rites, suivent une ligne morale… mais ils ne veulent pas accepter que Dieu soit vraiment PERE, donc qu’il puisse non seulement créer le monde et envoyer des prophètes mais avoir un FILS, Jésus, et que, avec ce Fils, nous puissions devenir, ensemble, une humanité vraiment filiale donc fraternelle.
Pourtant Jésus connaît bien son origine ( il vient de Dieu, il “descend” du ciel) et son but ( donner la Vie divine, donc ressusciter les croyants). Il poursuit :
Il est écrit dans les Prophètes: ” Ils seront tous instruits par Dieu même”.
Tout homme qui écoute les enseignements du Père vient à moi.
Jésus fait référence au moment capital de l’histoire d’Israël. Alors qu’il avait reçu la Loi de son Dieu et qu’il avait promis solennellement de l’observer, alors qu’il avait eu rois, prêtres et temple pour servir son Dieu avec joie et piété, alors que sans arrêt des prophètes lui avaient rappelé les exigences de la Loi, avaient dénoncé ses désobéissances en le menaçant de châtiments terribles s’il ne se convertissait pas, – en dépit de tout cela, Israël, même au plus haut niveau, n’était jamais parvenu à une fidélité sans failles. Tous connaissaient bien la Loi dans ses détails… et tous chutaient lamentablement.
Ce qui devait arriver arriva: en – 587, les Babyloniens survinrent, rasèrent Jérusalem, le palais, le temple et exilèrent une partie de la population. C’était le désastre absolu !
Mais alors que tout semblait fini, la détresse suscita une réflexion absolument nouvelle et des prophètes proclamèrent un message tout à fait inouï : au lieu de rejeter son peuple endurci, Dieu promettait une NOUVELLE ALLIANCE. Non un autre texte. Non des préceptes moins durs. Mais la Loi ne serait plus une leçon que l’on apprend et que l’on s’efforce d’observer.
Ici Jésus cite celui qu’on appelle le 2ème Isaïe: ” Tous seront instruits par Dieu” (Isaïe 54, 13). Mais le texte le plus célèbre est celui de Jérémie:
” Je conclurai, dit Dieu, une Nouvelle Alliance: je déposerai mes directives au fond d’eux-mêmes, je les inscrirai dans leur être; je deviendrai Dieu pour eux et ils seront un peuple pour moi.
Ils ne s’instruiront plus entre eux en répétant: ” Apprenez à connaître le Seigneur” car ils me connaîtront tous, petits et grands. Je pardonne leur crime”
( Jérémie 31, 1-34 ; cf. aussi Ezéchiel 36, 28)
La Promesse était extraordinaire, très claire mais la date de sa réalisation non précisée. Quand ?…
Pour Jésus, l’heure a sonné: avec lui, le Fils, les hommes n’ont plus à apprendre des lois (les siècles ont prouvé l’échec perpétuel de cette tentative). Désormais par Jésus et ses paroles, les enseignements de Dieu sont gravés dans l’intérieur de l’homme: c’est pourquoi, animés par cette Loi intériorisée devenue une Présence, les croyants peuvent écouter Dieu en personne et lui obéir spontanément.
Seule condition pour que cette révolution soit possible: croire que Jésus est plus qu’un prophète, un envoyé qui proclame une Parole qu’il a reçue, mais qu’il est le Fils, la PAROLE même de son Père. Cette foi introduit dans la Nouvelle Alliance. — Jésus poursuit:
Certes personne n’a jamais vu le Père sinon celui qui vient de Dieu; celui-là seul a vu le Père.
Amen, amen, je vous le dis: celui qui croit en moi a la Vie éternelle.
JE SUIS LE PAIN DE VIE. Au désert, vos pères ont mangé la manne et ils sont morts; mais ce Pain-là qui descend du ciel, celui qui en mange ne mourra pas.
Solennellement (double amen), Jésus affirme l’effet chez le vrai croyant: IL A LA VIE ETERNELLE. Non “il aura” (un jour, plus tard, au ciel) mais IL A – au présent.
Tout de suite, au moment où un homme accueille Jésus comme Fils et Parole de Dieu, il A la Vie divine, il est “divinisé”. Certes il conserve son tempérament, il est sujet de faiblesses, il devra mourir en son corps mais sur-le-champ, son être est radicalement changé.
Quant aux dernières lignes, je propose de les renvoyer à dimanche prochain car elles introduisent un nouveau développement
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Donc tout ce passage ( Jean 6, 35-50) est la révélation que JESUS EST LA PAROLE DE DIEU… Parole qu’il faut non seulement écouter mais recevoir en soi… comme un PAIN à MANGER… MASTIQUER… ASSIMILER…
Les autorités de l’Eglise ont commis un crime très grave en enseignant pendant des siècles qu’il était accessoire d’écouter les lectures de la Messe… qu’elles n’étaient que l'”avant-messe” facultative… que le fidèle ne pouvait posséder une Bible ni la lire seul… Comment a-t-on pu affirmer que l’on pouvait se dire chrétien en refusant d’écouter la PAROLE QUI DONNE LA VIE ? On en voit aujourd’hui le résultat catastrophique: non enracinés dans la Parole, nourris d’une piété fade et de dévotions parfois puériles, des multitudes de baptisés ont lâché prise devant la puissante séduction du monde moderne.
Heureusement le concile Vatican II a opéré un tournant:: ” Il faut que l’accès à la Sainte Ecriture soit largement ouvert aux chrétiens… On peut espérer qu’un renouveau de vie spirituelle jaillira d’une vénération croissante pour la Parole de Dieu” (La Révélation)… ” Dans les célébrations, on restaurera une lecture de la sainte Ecriture plus abondante, plus variée et mieux adaptée…. Le Christ est présent dans sa Parole car c’est LUI qui parle tandis qu’on lit dans l’Eglise les Saintes Ecritures…” (Liturgie- § 7) Belles déclarations mais qui, hélas, ne sont pas encore bien appliquées. Combien de chrétiens se pressent pour aller écouter la Parole qui leur donne la Vie ? Que de lectures non préparées, mal proclamées, non entendues, non assimilées.
Saint Bernard appelait ses moines à « ruminer » la Parole ! Puis-je me permettre de recommander de ne pas seulement lire ces 2 pages mais de les reprendre au cours de la semaine en écoutant personnellement les Paroles évangéliques ? …..
R. D… , dominicain
Dieu ne violente pas l’homme. Il respecte le lent cheminement de sa liberté. Sur le mont Carmel, le prophète Elie, le seul à être resté fidèle au Dieu unique, avait égorgé sans compassion les 450 prophètes de Baal (1 Rois 18, 40) Il avait ainsi adopté une attitude fort éloignée de la bienveillance de Dieu dont on n’avait à l’époque d’une idée encore bien frustre.
Nous voyons ici le danger d’une lecture littérale, fondamentaliste des Ecritures : elle fournit tout ce qu’il faut pour justifier le meurtre de ses voisins ! Certes, le rôle du prophète était de garder et de rappeler la foi monothéiste, mais pas au prix d’une telle barbarie. Par son comportement brutal, Elie s’attire immédiatement la vengeance de la reine Jézabel, protectrice du culte phénicien de Baal.
Alors la longue fuite au désert qu’il doit entreprendre pour échapper aux représailles royales peut être lue comme une traversée pénitentielle de quarante jours et quarante nuits jusqu’à l’Horeb, afin qu’il se convertisse au Dieu qui ne se révèle pas dans la violence de l’ouragan, mais dans « le murmure d’une brise légère » (1 Rois 19, 12).
Non Dieu jamais ne nous abandonne, comme le pensait Elie découragé, mais c’est nous qui l’oublions, lorsque nous nous laissons emportés par le flux de nos passions. Si nous voulons le retrouver, il faut « faire disparaître de notre vie tout ce qui est amertume, emportement, colère, éclats de voix ou insultes ainsi que toute espèce de méchanceté » (Ephésiens 4, 30-32). Nous avons à nous laisser conduire par l’Esprit vers le Christ de tendresse et de miséricorde.
Pour marcher à la suite de Jésus, nous dit l’évangile, il faut d’abord croire en lui, croire qu’il nous révèle le vrai chemin vers l’homme et vers Dieu. Et ce chemin n’est autre que lui-même. « Personne n’a jamais vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu : celui-là seul a vu le Père » et peut en parler. Celui qui croit au Fils unique, qui s’attache à lui par les liens d’une sincère affection, « a la vie éternelle », car dans l’amour, il partage sa vie. C’est ce lien vital que Notre-Seigneur exprime par la comparaison très parlante du « pain de vie » : avant de désigner l’Eucharistie, c’est d’abord à sa Personne que Jésus fait allusion lorsqu’il dit : « Ce pain-là, qui descend du ciel, celui qui en mange ne mourra pas ». L’Eucharistie n’est d’ailleurs rien d’autre que la présence continuée du Christ ressuscité parmi nous : « le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie ».
La messe, la célébration eucharistique n’est donc pas une prière ordinaire, ni même la plus grande des prières. Elle est participation réelle et vivante à la vie de Dieu par le Christ en sa présence réelle : « Par Lui, avec Lui, en Lui, tout honneur et toute gloire !»
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Pour moi, l’Eucharistie est un vrai coup de fouet. C’est un moment magique pour moi, dès l’absorption de l’hostie, je deviens plus VIVANTE et je suis plus attentive aux autres. Je me sens tellement en paix avec moi-même que je suis entièrement disponible aux autres;
Bien sûr, tout autour de moi ma famille croit se suffire à elle-même sans le Seigneur. Pourtant, la vie est tellement plus riche quand on croit en Dieu. Je suis passée des ténèbres à la lumière et je suis fermement convaincue qu’il y a des péchés que je ne commettrai plus jamais. Dieu m’épure chaque jour un peu plus. Je m’en rends compte car je ne suis plus aussi influencée par les sirènes de la société de consommation. Et je sais bien que plus j’avance sur la voie étroite et plus je deviens petite, c’est pourquoi j’ai moins de désirs et donc je souffre moins.
Comme tu le dis si bien, Père Jean, il ne faut pas se nourrir de nourritures trompeuses et Dieu sait qu’il y en a. Heureusement, ma conscience est bien éveillée à ce sujet. Par exemple, j’aime beaucoup lire des revues concernant les stars, et mon amour pour le Seigneur me pousse à choisir les moins mauvaises. En attendant de ne plus en acheter du tout.
Il faut que je me nourrisse du pain de vie, car il me fait beaucoup de bien, il m’aide à découvrir mes qualités les plus cachées et éloigne de mon coeur l’envie d’obtenir des choses dérisoires.
Seigneur, je te remercie de tout coeur, pour ta présence presque constante en moi.
Christiane